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Journaliste indépendant, et entrepreneur

By 20 janvier 2023Actualités

L’AJIQ braque les projecteurs sur ses membres. Sixième portrait de cette série : Stéphane Desjardins, un des rares journalistes indépendants de carrière au Québec.

La majorité des membres de l’AJIQ n’étaient pas nés lorsque Stéphane Desjardins a débuté sa carrière de journaliste indépendant. C’était il y a plus de 40 ans, dans une industrie médiatique radicalement différente de celle de 2023. « À l’époque, il y avait beaucoup plus de médias pour lesquels piger, notamment dans le secteur des magazines. La plupart ont depuis fermé leurs portes ou sont l’ombre de ce qu’ils ont été », raconte celui qui se souvient avoir pratiqué son métier avant la popularisation d’Internet dans les années 90.

Si la forme a changé, le fond, lui, demeure. Quoique… « Il y a beaucoup plus d’opinions dans les médias que jadis, tandis que le journalisme factuel se fait plus rare. Je ne pense pas que ce soit une évolution dans le bon sens », regrette-t-il, écorchant au passage les géants du Web – le fameux GAFAM – et leur influence disproportionnée sur la vie démocratique. N’empêche, le membre régulier de l’AJIQ tire encore et toujours son épingle du jeu grâce à un patient travail de recherche, de collecte et de traitement d’informations d’intérêt public.

Petit à petit, il s’est spécialisé en économie, plus spécifiquement en finances personnelles. On peut d’ailleurs le lire chaque semaine à ce sujet dans Le Journal de Montréal. « L’ouvrage vient constamment à moi! D’un côté du spectre, la cohorte des baby-boomers part à la retraite ; de l’autre, les millénariaux nourrissent une fascination malsaine pour la propriété », souligne Stéphane Desjardins, qui est aussi l’auteur de plusieurs livres, dont La famille Fermanian – L’histoire du cinéma Pine de Sainte-Adèle, paru en 2022.

Stéphane Desjardins | |Courtoisie

UN MODE DE VIE

Son parcours témoigne d’un fort esprit entrepreneurial. En 2013, il a par exemple un réseau de journaux hyperlocaux sur l’île de Montréal. Malgré le succès d’estime, la crise médiatique plombe le projet et l’aventure prend fin en 2019. Le principal intéressé n’éprouve cependant aucun regret. « Cette parenthèse témoigne en fait de ma mentalité de pigiste. Je me décris comme un homme d’affaires hyper organisé qui gère sa barque comme on gère une PME », explique-t-il. Travailler pour moins de 100 $ au feuillet, une unité de mesure qu’il déplore par ailleurs? Ne comptez pas sur lui.

« Que les tarifs au feuillet aient si peu changé en quatre décennies est aberrant. Face à cette exploitation éhontée de la part des éditeurs, les journalistes indépendants n’ont pourtant qu’eux à blâmer », lance-t-il, lucide. Et pour cause : il a vu trop de ses collègues pigistes embrasser une vie d’artisan pour finalement quitter la profession, écœurés. « Ma plus grande fierté est d’avoir su préserver une très bonne qualité de vie tout au long de ma carrière. J’y suis arrivé en exerçant un contrôle total sur mon existence, ce qui est à mon avis au cœur de l’idée même d’indépendance », conclut Stéphane Desjardins.

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