L’AJIQ braque les projecteurs sur ses membres. Cinquième portrait de cette série : Patrice Senécal, qui débute à peine sa carrière en journalisme international.
Le quotidien du correspondant à l’étranger est ponctué d’incertitudes. Patrice Senécal, journaliste indépendant basé depuis deux ans à Varsovie, la capitale de la Pologne, en sait quelque chose. Le 15 novembre dernier en fin d’après-midi, heure locale, un missile s’abat sur un village polonais situé près de la frontière de l’Ukraine, faisant deux morts. Rapidement, le bruit court que l’explosion aurait été causée par un projectile russe, ce qui sera démenti par la suite. La tension monte néanmoins. Une attaque contre un membre de l’OTAN est après tout une attaque contre tous les membres de l’alliance militaire.
« Disons que la nuit du 15 au 16 [novembre] a été assez mouvementée! », raconte après coup le membre régulier de l’AJIQ, en référence aux commandes pour Libération et Le Soir ainsi qu’aux directs à Radio-Canada et BFMTV qu’il a alors livrés dans l’urgence. Comble de l’ironie : plus tôt ce jour-là, le pigiste nous racontait traverser une période plutôt tranquille à l’agenda. Pas facile en effet d’intéresser les médias francophones – y compris québécois – à l’actualité de l’Europe centrale, une région du monde trop souvent considérée comme un bloc monolithique.
« La chute du mur de Berlin a suscité beaucoup d’espoirs de démocratisation dans les anciens États satellites de l’URSS. Trois décennies plus tard, en plein conflit entre la Russie et l’Ukraine, il est intéressant de documenter les différentes trajectoires empruntées par ces pays postcommunistes », estime Patrice Senécal. De toutes les histoires à sa portée, c’est celle de la dissidence biélorusse en exil qui lui tient le plus à cœur. Récemment, il a par exemple écrit sur le cas d’une journaliste libérée après deux ans passés dans les geôles de la « dernière dictature d’Europe ».
Patrice Senécal | Courtoisie
« UN LUXE »
Originaire de Montréal, Patrice Senécal pratique le métier depuis quelques années à peine. Il y fait ses premiers pas en 2018 en signant des papiers sur la Hongrie de Viktor Orbán dans Le Courrier d’Europe centrale. Pas mal pour quelqu’un qui ne cumulait aucune expérience à titre de pousse-crayon! « Même si j’ai étudié en sciences politiques [à l’Université de Montréal], j’ai toujours voulu faire du journalisme international », souligne le récipiendaire de l’édition 2021 de la bourse Arthur-Prévost, qui récompense la qualité du travail d’un journaliste ayant moins de cinq ans d’expérience en presse écrite.
Pour réaliser ce rêve, le journaliste indépendant doit cependant s’astreindre à une certaine forme de simplicité volontaire. Ça tombe bien : le coût de la vie en Pologne est relativement peu élevé. Du moins, en comparaison avec les pays de l’Europe de l’Ouest. « Les tarifs qu’on me propose me donnent parfois l’impression que mon travail est déconsidéré, déplore-t-il. Malgré tout, je tiens à mon statut d’indépendant, qui est synonyme de grande liberté éditoriale. J’ai le luxe de creuser des sujets et de couvrir des angles qui ne le sont jamais. »
-30-