Par Charles-Édouard Carrier
J’écris sur l’immobilier, l’entretien et la rénovation de maison depuis quelques années déjà. Je possède donc aujourd’hui un carnet de contacts bien garni, pour tous les sujets qui touchent de près ou de loin la propriété: entrepreneurs et métiers de la construction, courtiers et développeurs immobiliers, inspecteurs et évaluateurs en bâtiment, banquiers, assureurs, etc. Cependant, en parcourant des yeux les noms qui y figurent, une bien triste évidence m’est apparue: 9 fois sur 10, ces «experts» sont des hommes.
Il semble que mon carnet d’adresses ne soit pas le seul à ressembler davantage à un pool de hockey qu’à une feuille de présences en classe de secondaire 1. Une étude conduite par l’organisme canadien Informed Opinions révélait qu’à l’automne 2015, sur 1467 sujets d’actualités et entrevues recensés dans sept des plus grands médias canadiens d’information, 71% des intervenants consultés étaient des hommes.Oups! Surtout quand on sait qu’en 2019, Statistiques Canada dénombrait 18,9 M de femmes au pays, contre 18,7 M d’hommes.
Le boys club en prend un coup. Peu fier de ce constat sur ma pratique, j’ai tenté d’augmenter le nombre d’intervenantes dans mes textes. Une mission pas toujours facile. Non seulement lesgars sont rapides sur le téléphone quand vient le temps d’avoir «son nom dans le journal», il faut aussi dire que les algorithmes de recherche de Google semblent préférer Michel à Michèle. Les hommes demeurent en tête de liste grâce à leurs descriptions et biographies optimisées et gonflées aux keywords de numéros 1, de spécialistes, d’experts et de meilleurs vendeurs -parce qu’entre chums, on peut bien se dire qu’on est les top-. Puis s’ajoutent les articles encenseurs sur leurs réalisations antérieures et l’effet d’entrainement que d’avoir été sollicités et publiés plusieurs fois auparavant. Sur le web, c’est boys in the front, comme on dit.
En tant que journalistes, indépendants ou salariés, nous avons la chance de jouer unrôle déterminant dans la place qu’occuperont les femmes de demain. Un futur plus juste et inclusif, ça commence par une entrevue, puis deux, puis trois. Concrètement, ça veut aussi dire Léane ou Cassandra qui découvre, en lisant mon dernier papier sur les reprises de finance, que des inspectrices en bâtiment qui développent une expertise pour les maisons délabrées qui nécessitent des rénosmajeures, ça existe. Un modèle qui sera peut-être suffisant pour motiver Léane ou Cassandra à concrétiser son envie de travailler en construction.
Il existe plusieurs ressources en ligne qui regroupent des expertes dans tous les domaines. Je profite donc du fait que la Journée internationale des femmes est à nos portes pour présenter trois plateformes qui voient plus loin que le bout de leurs mots-clés.
Femmes Expertes Un annuaire d’expertes conçu ici par Laura Shine et Maïka Sondarjee. Elles se sont donné comme objectif, avec des outils comme Femmes Expertes, l’atteinte de la parité dans les médias canadiens d’ici 2025. https://femmesexpertes.ca/
Expertes Francophones Des expertes à l’internationale, regroupées dans une plate-forme de recherche disponible en ligne depuis 2017. Le projet est soutenu par l’Organisation internationale de la francophonie et la Fondation Chanel. https://expertesfrancophones.org/
Expert@ Le répertoire propose plus de350 expert·e·s universitaires et des milieux de pratiquesdans le domaine des études féministes, de genre et sur les femmes. Expert@ est né d’une collaboration entre le Réseau québécois en études féministes (RéQEF) et le Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine (CDEACF).http://cdeacf.ca/reqef/experta
Article très intéressant.
C’est vrai qu’on ne voit pas souvent de femmes dans la construction. D’un autre côté il y a des secteurs d’emploi plus populaires chez les femmes également. C’est vrai que sur internet aussi on voit beaucoup plus de gars se glorifier eux-mêmes avec leurs investissements immobiliers et des affaires d’hommes d’affaires. Les femmes sont plus humbles et je suis content de découvrir plusieurs blogues éditées par des femmes qui touchent des sujets comme l’investissement ou la création de son patrimoine. Pour ma part, je viens du milieu de l’architecture et quand j’étais au CÉGEP, ma cohorte de 2018 était majoritairement féminine. J’ai l’impression que la génération de personnes actives sur le marché de la construction et du développement des affaires immobilières sera beaucoup plus équilibrée dans les années qui suiveront. Je crois qu’à mesure que les technologies de l’informations permettent de plus en plus aux gens de pratiquer un métier dans le champ de l’architecture et du bâtiment en général, plus de femmes vont être attirées par ces domaines. Même en hébénisterie et en charpenterie-menuiserie, je vois des filles dans mon entourage qui sont passionnées. J’administre pour ma part un blogue qui parle d’investissement et je présente l’investissement sous une approche inspirée par des moeurs qui viennent historiquement beaucoup plus des femmes. Vue qu’au Québec on est très encadrés par des organismes comme la CCQ et la RBQ, il serait intéressant de voir si il y a une prise en considération de cette disparité. Par exemple je sais qu’au niveau du CCQ, le PAEF a été créé pour soutenir les femmes dans l’apprentissage et dans leur pratique de leur métier. Il serait intéressant de savoir si ce genre de programme à une réelle incidence.
Merci pour cet article inspirant.